A ` propos d’une image radio-claire de l’angle mandibulaire chez un enfant de huit ans A radiolucent X-ray of the mandibular angle in an eight- year


Un garc ¸on de huit ans est adresse ´ en milieu hospi-talier par un pe ´dodontiste
pour avis diagnostic et traitement e ´ventuel a ` la suite d’une de ´couverte
radiographique fortuite sur l’orthopantomogramme (OPT)d’une image radio-claire 

localise ´ea ` l’angle mandibulairegauche (?g. 1).
L’anamne `se est sans particularite ´ : pas d’ante ´ce ´dent me ´dical ni chirurgical 

chez cet enfant en bonne sante ´ apparente.
Aucune notion de traumatisme ni d’e ´pisode de tume ´faction mandibulaire

ou late ´rocervicale ne sont relate ´s. L’examen clinique exobuccal 
est strictement normal (aucune de ´forma-


Figure 1. Agrandissement OPT secteur angle mandibulaire gauche.



tion des contours osseux, absence d’ade ´nopathie cervicale). 

L’examen endobuccal ne met en e ´vidence ni de ´formation de
la corticale osseuse vestibulaire gauche, ni ?stulemuqueuse,
ni alte ´ration de la sensibilite ´ cutane ´omuqueuse dans le
territoire du V3, ni mobilite ´ dentaire adjacente.
L’orthopantomogramme montre une image radio-claire
de type monoge ´odique unique situe ´edanslare ´gion angu-
lomandibulaire gauche sous le canal alve ´olaire infe ´rieur,
d’un diame `tre de l’ordre du centime `tre. Le contour de la
le ´sion est continu. La le ´sion est a ` distance de tout e ´le ´ment
dentaire.



Quels examens comple ´mentaires re ´alisez-vous ?
Quelle prise en charge proposez-vous ?




Reponses

Une tomodensitome ´trie permet de situer avec plus de pre ´ci-sion la 

le ´sion osseuse dans les trois dimensions de l’espace et
ses rapports avec les e ´le ´ments anatomiques voisins (?g. 2, 3).


Diagnostics differentiels

Ils regroupent l’ensemble des le ´sions radio-claires bien
de ´limite ´es [1]. La conservation de la vitalite ´ pulpaire des
dents adjacentes et, ici, la localisation a ` distance des e ´le ´-
ments dentaires permettent d’e ´liminer les kystes odonto-
ge `nes et la lacune de Stafne [2]. Le kyste essentiel, le
kyste e ´pidermo? ¨ de, le granulome re ´parateur central et l’ame ´-
loblastome font partie, au contraire, des diagnostics envi-
sageables [3].



Figure 2. TDM vue late ´rale gauche.


Figure 3. TDM coupe axiale.


Figure 4. Abord endobuccal et zone vestibulaire tre ´pane ´e.


 
Prise en charge the ´rapeutique

Une intervention sous anesthe ´sie ge ´ne ´rale est programme ´e
e ´tant donne ´ le jeune a ˆge de l’enfant. L’aspect be ´nin initial de
la le ´sion n’a pas justi?e ´ une biopsie pre ´alable. Un abord
endobuccal, avec incision line ´aire muqueuse jusqu’au con-
tact osseux re ´alise ´e en regard du germe de la dent 35 sur une
distance de 4 cm sous la ligne de jonction mucogingivale
vestibulaire, permet l’insertion d’une lame malle ´able expo-
sant la corticale externe et la tre ´panation osseuse condui-
sant a ` une cavite ´ osseuse vide (?g. 4). Il n’est pas retrouve ´ de
paroi kystique. Ne ´anmoins, un curetageminutieux permet le
recueil de petits fragments osseux con?e ´s au laboratoire
d’anatomopathologie.
Le diagnostic est ici quasiment re ´alise ´ en perope ´ratoire. La
cavite ´ est entie `rement vide. Seul l’examen anatomopatho-
logique permet de poser le diagnostic de certitude : kyste
essentiel ou traumatique ou he ´morragique. Une tre `s ?ne
membrane conjonctive riche en ?broblaste et tatoue ´ede
grains d’he ´moside ´rine est observe ´ea ` l’examen microscopi-
que. Le contenu cavitaire est inexistant. Les suites ope ´ra-
toires sont simples. Cette tre ´panation corticale est suf?sante
pour stimuler la re ´ge ´ne ´ration osseuse par le biais probable
d’une re ´organisation du caillot sanguin forme ´ [4]. Une sur-
veillance radiographique est propose ´e, la gue ´rison est favor-
able en re `gle ge ´ne ´rale sans re ´cidive.


Références

1. Reychler H. Pathologie des maxillaires. In: Piette E, Reychler H,
editors. Traite ´ des pathologies buccale et maxillofacial. Brux-
elles: De Boeck Ed; 1991. p. 1331–436.
2. Guilbert F, Chomette G, Le Charpentier Y, Auriol M. Tumeurs
be ´nignes et pseudotumeurs des maxillaires. Rev Stomatol Chir
Maxillo-Fac 1993;94:195–265.
3. Favre-Dauvergne E et al. Tumeurs et pseudotumeurs non odon-
toge ´niques be ´nignes des maxillaires. EMC Stomatologie-Odon-
tologie. 22-062-F-10.1995
4. Tong AC, Ng IO, Yan BS. Variations in clinical presentations of
the simple bone cyst: report of cases. J Oral Maxillofac Surg
2003;61:1487–91.