Un nourrisson, a ˆge ´ de trois mois, de sexe masculin,
sans ante ´ce ´dent pathologique notable, a pre ´sente ´
une tume ´faction du rebord alve ´olaire maxillaire
gauche, apparue a ` l’a ˆge de deux mois, augmentant rapide-
ment de volume et ge ˆnant la succion.
Cette tume ´faction, de 2 cm de diame `tre, qui soulevait la
le `vre supe ´rieure et le seuil narinaire, e ´tait indolore et non
inflammatoire (fig. 1).
L’e ´tat ge ´ne ´ral du be ´be ´ e ´tait conserve ´, les aires ganglionnai-
res cervicales libres, et le reste de l’examen clinique normal.
sans ante ´ce ´dent pathologique notable, a pre ´sente ´
une tume ´faction du rebord alve ´olaire maxillaire
gauche, apparue a ` l’a ˆge de deux mois, augmentant rapide-
ment de volume et ge ˆnant la succion.
Cette tume ´faction, de 2 cm de diame `tre, qui soulevait la
le `vre supe ´rieure et le seuil narinaire, e ´tait indolore et non
inflammatoire (fig. 1).
L’e ´tat ge ´ne ´ral du be ´be ´ e ´tait conserve ´, les aires ganglionnai-
res cervicales libres, et le reste de l’examen clinique normal.
La tomodensitome ´trie (fig. 2) montrait une oste ´olyse maxillaire
parame ´dianegauche,arrondie,de18mmdediame `tre et bien
limite ´e. La matrice le ´sionnelle, de densite ´ tissulaire, se rehaus-
sait le ´ge `rement apre `s injection de produit de contraste.
L’exploration chirurgicale, sous anesthe ´sie ge ´ne ´rale, a mis en
e ´vidence une tumeur ferme, blancha ˆtre, qui lors de la rupture
accidentelle de la paroi, a donne ´ issue a ` un tissu noira ˆtre
(fig. 3).L’exe ´re `se de la le ´sion a e ´te ´ suivie d’un curetage appuye ´.
La pie `ce ope ´ratoire a e ´te ´ adresse ´e au laboratoire pour exa-
men anatomopathologique.
parame ´dianegauche,arrondie,de18mmdediame `tre et bien
limite ´e. La matrice le ´sionnelle, de densite ´ tissulaire, se rehaus-
sait le ´ge `rement apre `s injection de produit de contraste.
L’exploration chirurgicale, sous anesthe ´sie ge ´ne ´rale, a mis en
e ´vidence une tumeur ferme, blancha ˆtre, qui lors de la rupture
accidentelle de la paroi, a donne ´ issue a ` un tissu noira ˆtre
(fig. 3).L’exe ´re `se de la le ´sion a e ´te ´ suivie d’un curetage appuye ´.
La pie `ce ope ´ratoire a e ´te ´ adresse ´e au laboratoire pour exa-
men anatomopathologique.
Figure 1. Tume ´faction du rebord
alve ´olaire maxillaire gauche soulevant
la le `vre supe ´rieure et le seuil narinaire.
Figure 2. TDM en coupe axiale montrant une
oste ´olyse maxillaire parame ´diane gauche, arrondie,
bien limite ´e, de densite ´ tissulaire, se rehaussant
le ´ge `rement apre `s injection de produit de contraste.
Figure 3. Photo perope ´ratoire montrant l’issu d’un
tissu noira ˆtre lors de la rupture accidentelle de la
paroi tumorale.
tissu noira ˆtre lors de la rupture accidentelle de la
paroi tumorale.
Quel est votre diagnostic ?
L’examen anatomopathologique a montre ´ qu’il s’agissait
d’un progonome me ´lanotique (tumeur neuroectodermique
me ´lanotique), une tumeur be ´nigne exceptionnelle. Environ
200 cas ont e ´te ´ rapporte ´s dans la litte ´rature.
Cette tumeur, de ´crite en 1966 par Borello et Gorlin, re ´sulte-
rait de la persistance anormale de cellules de la cre ˆte neu-
rale au niveau des maxillaires [1].
Actuellement l’origine neuroectodermique est admise par
l’OMS et repose sur des arguments biochimiques, histochi-
miques et embryologiques [1].
La tumeur atteint surtout le nourrisson de moins de six
mois, mais peut e ˆtre diagnostique ´e chez l’adulte. Il n’y a
pas de pre ´dilection de race ou de sexe [2].
Cliniquement la le ´sion est indolente, avec une agressivite ´
locale et une e ´volution rapide tre `s caracte ´ristique [3].La
tume ´faction est recouverte d’une muqueuse saine, posse `de
une consistance e ´lastique et n’est pas fixe ´e aux plans
profonds. L’existence d’une coloration pourpre, brune ou
me ˆme bleue-noire peut e ´ventuellement orienter le diag-
nostic. La localisation habituelle hors syste `me nerveux cen-
tral est le maxillaire supe ´rieur, mais les os du cra ˆne, la man-
dibule, le fe ´mur, l’e ´pididyme, l’ute ´rus, l’ovaire ou encore le
me ´diastin peuvent e ´galement e ˆtre atteints [4].
L’examen tomodensitome ´trique de ´crit classiquement une
le ´sion hypodense entoure ´e d’une scle ´rose marginale, sans
calcification ni he ´morragie et non rehausse ´e apre `s injection
du produit de contraste [2].
Du point de vue the ´rapeutique, la majorite ´ des auteurs
optent pour une chirurgie conservatrice, l’e ´nucle ´ation avec
curetage permettant la gue ´rison dans la majorite ´ des cas et
minimisant les risques de troubles de la croissance [1, 3-5].
C’est l’examen histologique qui donne le diagnostic de cer-
titude. On retrouve une population mixte, faite de cellules
rondes e ´voquant par leur morphologie des neuroblastes et
des cellules polye ´driques pigmentaires contenant des char-
ges me ´laniques et ressemblant aux cellules pigmentaires
de l’e ´pithe ´lium re ´tinien [2]. Les re ´actions immunochimiques
s’ave `rent utiles au diagnostic. La biochimie re ´ve `le fre ´quem-
ment une e ´le ´vation du taux d’acide vanylmande ´lique
(VMA), qui se normalise apre `s exe ´re `se de la tumeur,
comme c’est le cas pour les autres tumeurs de ´rivant de la
cre ˆte neurale telles que le neuroblastome, le ganglioneuro-
blastome et le phe ´ochromocytome [3]. Cette augmentation
du taux de VMA n’est toutefois pas pathognomonique.
Dans notre observation, le dosage du taux de VMA urinaire
en postope ´ratoire e ´tait normal, et ce a ` plusieurs reprises.
Le diagnostic diffe ´rentiel doit e ˆtre pose ´ avec le sarcome
d’Ewing, l’ame ´loblastome le lymphome malin ou encore le
neuroblastome primitif, ou me ´tastatique.
La be ´nignite ´ de cette tumeur doit e ˆtre relativise ´e ; en effet,
on a note ´ la pre ´sence de me ´tastases dans 3 % des cas. Le
taux de re ´cidives est d’environ 15 %, elles apparaissent dans
80 % des cas au cours des six mois suivant l’intervention
[5]. Elles re ´sultent tre `s probablement du caracte `re incom-
plet de l’exe ´re `se chirurgicale.
Les suites ope ´ratoires chez notre patient ont e ´te ´ simples et
l’enfant n’a pre ´sente ´ aucune re ´cidive en deux ans de suivi.
Re´fe´rences
1. Aka GK, Adou A, Crezoit GE, Coulibaly N, Konan E, Assa A,
et al. Progonome me ´lanotique : a ` propos de trois cas. Rev Sto-
matol Chir Maxillofac 1994;95:73–5.
2. Volk MS, Nielsen GP. Case records of the Massachusetts Gene-
ral Hospital. Weekly clinicopathological exercises. Case 7-
2001–A male infant with a right maxillary mass. N Engl J
Med 2001;344:750–7.
3. Dilu NJ, Bobe A, Sokolo MR. Progonome me ´lanotique : a ` pro-
pos d’une volumineuse tumeur du nourisson. Rev Stomatol
Chir Maxillofac 1998;99:103–5.
4. Johnson RE, Scheithauer BW, Dahlin DC. Melanotic neuroecto-
dermal tumor of infancy: a review of seven cases. Cancer
1983;52:661–6.
5. Belajouza H, Slama A, Moatemri R, Bouzaiene M, Belghith M,
Nouri A, et al. Epididymal melanotic neuroectodermal tumor
of infancy. Hum Patholo 1985;16:416–20.